Taiwan : premiers pas

L'idée initiale du voyage était de rejoindre Loulou - une amie du genre de celles qui valent le sacrifice d'un billet d'avion à l'autre bout du monde - en Nouvelle Zélande (elle-même étant sur place depuis plusieurs mois).

Cependant, plusieurs raisons nous ont poussé vers une autre destination. D'une part, le prix des billets devenant exorbitant (faute à notre organisation tardive). Aussi, notre voyage étant seulement possible pendant la fin d'année, cela nous amenait à nous retrouver en voyage potentiellement en même temps que beaucoup d'autres touristes en vacances (vacances d'hiver en hémisphère nord, grandes vacances en hémisphère sud). Or nous préférions éviter les foules de touristes. L'idée du voyage était plutôt celle des retrouvailles tranquilles et des grands espaces.

Aussi, nous avions toutes les deux entendu parler de Taïwan comme une destination atypique, riche en espaces naturels grandioses, et plutôt peu fréquentée. Destination idéale pour l'occasion donc !

La carte ci-dessous permet de se rendre compte que les deux tiers de l'île sont constitués de montagnes verdoyantes. Et pas n'importe quelles montagnes ! La chaine centrale culmine à 3997 m, et elle compte plus de soixante sommets dépassant les 3000 m.

Nous voilà parties pour trois semaines de voyage !

Nous passons quelques jours dans la capitale taïwanaise. C'est une ville plutôt agréable grâce à son environnement de collines et mêmes petites montagnes verdoyantes.

Nous passons les deux premières nuits dans un petit studio dans le quartier de Zhongshan, en plein centre, et nous prenons nos marques avec la culture taïwanaise. La première chose relativement perturbante est de se faire constamment dévisager (de façon parfois très insistante). Les taïwanais n'ont apparemment pas beaucoup l'habitude de voir des occidentaux. On s'y habituera petit à petit pendant le voyage. Ceci dit, malgré ces regards étranges, beaucoup de personnes, de tous âges, sont curieuses et peu timides quant à venir discuter et nous aider au moindre prétexte. Ces échanges, parfois chacun dans sa langue, à base de sourires et de rires, sont riches en émotion !

Nous passons des heures à flâner à la découverte de divers quartiers.

On trouve beaucoup de marchés, de jour comme de nuit, où l'on peut trouver de tout à manger et à acheter. Les "night market" sont très typiques. Chaque quartier à généralement le sien, avec sa propre ambiance. Ce sont des endroits où il ne faut pas craindre les foules denses et les odeurs en tout genre (des plus alléchantes aux plus infectes - une spécialité étant le "stinky tofu", littéralement "tofu qui pue").

Concernant la nourriture, c'est tout simplement un bonheur, car on peut manger à peu près de tout à n'importe quelle heure du jour, et à des prix imbattables. En plus, on trouve très facilement des plats végétariens ou végans. On se fait parfois surprendre car les traductions en anglais sur les menus ne sont pas du tout systématiques. En quelques jours, on devine déjà que notre voyage va avoir une bonne dominance culinaire.

Côté architecture, c'est très contrasté. D'un façon générale, on trouve beaucoup de vieux immeubles en béton tout gris et moches, et des édifices plus récents et modernes souvent moins vilains à regarder, notamment dans les quartiers d'affaires, avec des tours très impressionnantes. Et au milieu de tout ce béton et acier, on trouve des temples traditionnels aux couleurs éclatantes et aux sculptures très riches et détaillées.

Aussi, nous passons un temps non négligeable à flâner dans les innombrables "mall" (centres commerciaux) que l'on peut trouver à presque chaque coin de rue et surtout chaque station de métro. En fait, chaque station de métro est un centre commercial sous-terrain, où l'on a vite fait de se perdre. Dit comme cela, ce n'est pas très alléchant, mais ces malls regorgent de boutiques où l'on peut trouver vraiment de tout et n'importe quoi, et surtout n'importe quoi ! De quoi s'offrir de bonnes tranches de rigolade. On trouve aussi pas mal de boutiques ou marchés de Nöel où l'on peut trouver de chouettes souvenirs artisanaux. Le "made in Taiwan" éthique existe aussi.

Enfin, le métro de Taipei est particulièrement agréable à utiliser. Très moderne et propre, l'orientation y est facile. Et surtout, les taïwanais sont très ordonnés et respectueux. Rien à voir avec les odeurs et la cohue oppressante du métro parisien.

Dès notre premier soir, nous avons la chance de rencontrer Antoine, un ami expatrié à Taipei depuis deux ans. Il nous donne un tas de conseils pour la suite de notre voyage, et nous prête carrément son appartement quelques jours alors qu'il retourne en France pour les fêtes. Il vit dans le quartier de Dongmen, très animé et bohème. Son appartement est assez curieux, puisque c'est un habitat rajouté sur le toit d'un immeuble de façon pas très légale. Apparemment, la pratique est répandue. Son appartement est constitué d'un studio (chambre et salle de bain) au dernier étage de l'immeuble, avec une grande terrasse "roof top", sur laquelle est amarrée un cabanon qui fait office de cuisine.

Après quelques jours très urbains, nous profitons d'une belle petite randonnée sur les hauteurs de la ville. A quelques minutes d'une station de métro, on se retrouve sur un joli sentier de randonnée, et après de nombreux escaliers, on peut apprécier de magnifiques vues sur la capitale. Une bonne bouffée d'air (presque) frais, et surtout beaucoup de verdure ! La végétation taïwanaise est luxuriante. La proximité entre la ville et la nature est frappante. Nous sommes en pleine nature, et les gratte-ciels sont si proches ! Cerise sur le gâteau, sur le retour de notre balade, le ciel nous offre un magnifique coucher de soleil. La vue des gratte-ciels et de Taipei 101, la tour la plus haute, est fascinante, et nous nous décidons à visiter cette dernière. Avec ses 101 étages et 509,2 mètres de hauteur, c'est la 9ème tour la plus haute du monde. Un concentré de haute technologies, d'autant plus que Taïwan est une île soumise aux séismes et aux typhons.

Après plusieurs jours dans la capitale, nous aspirons à quitter cette jungle urbaine. Nous décidons d'aller faire une petite excursion de deux jours à Jiufen, petite ville réputée sur la côte nord-est. Après un cours trajet en train et bus, nous découvrons une superbe côte toute en reliefs. L'urbanisation est tout de même présente, mais on y respire bien mieux qu'à Taipei.

Jiufen est un des lieux qui revenait souvent dans nos recherches, comme un incontournable de Taïwan. A notre goût, la petite ville se résumera par une rue commerçante et touristique quelque peu oppressante aux heures d'affluence (et légèrement glauque aux heures creuses), mais tout de même par son cadre naturel assez exceptionnel. Nous profitons d'une petite randonnée sur les hauteurs de Teapot Mountain, à la tombée du jour, qui nous fera profiter de paysages grandioses, de grandes bouffées d'air frais et décoiffant, et d'une belle rencontre insolite avec un couple de randonneurs taïwanais. Nos deux compagnons ne parlant pas un mot d'anglais, nous savourons la richesse du partage et de l'échange au-delà des mots. Rires et sourires au rendez-vous !

Pour notre retour à la capitale, nous décidons de tenter de faire du stop sur la côte nord. Les rencontres sont éclectiques : un couple hyper gentil, une employée de station service qui se plie en quatre pour nous faciliter le reste du voyage, un type super louche dans une voiture glauque que nous envoyer balader sans hésiter, deux gars sans plus d'échange... Arrivées à Keekung, nous prenons le bus pour traverser la ville, puis faisons une pause à Yehliu, petite péninsule où un "geopark" indiqué sur la carte a attiré notre attention. Nous nous retrouvons dans une sorte de parc touristique à thématique géologique. Le concept pourrait être sympa, mais nous sommes dépitées par la foule de touristes suivant l'unique sentier bétonné et mitraillant de photos les roches insolites sans même vraiment les regarder. Malgré tout, passé la zone "intéressante" du parc, nous nous retrouvons sur un petit sentier allant au bout de la péninsule. Nous ne croisons presque plus personne, et profitons enfin de l'aspect "nature" de l'endroit. La fin de journée approchant, nous rentrons à Taipei en bus par la côte, et retrouvons l'appart d'Antoine.